Dans un premier temps, la plupart des prisonniers furent regroupés en France dans des camps appelés FRONTSTALAG (Front-Stammlager für Kriegsgefangenen).
Par la suite, la majorité des prisonniers français furent transférés en Allemagne, où ils passèrent par des centres de tri appelés DULAG (Durchgangslager). Selon leur grade, ils furent ensuite répartis dans différents types de camps : les STALAG (Stammlager für Kriegsgefangene der Mannschaftsdienstgrade) pour les sous-officiers et soldats, et les OFLAG (Offizierslager) pour les officiers.

L’échange de correspondance entre les prisonniers et leurs familles était encadré par des accords internationaux signés à Genève le 27 juillet 1929.
Trois articles de ces accords, contenus dans les Conventions relatives au traitement des prisonniers de guerre, définissaient les principales règles concernant le courrier.

Article 16: Les lettres, mandats et articles d’argent, ainsi que les colis postaux destinés aux P.G. ou expédiés par eux, seront affranchis de toutes taxes postales, aussi bien dans les pays d’origine et de destination que dans les pays intermédiaires.

Article 35: Dès le début des hostilités, les belligérants publieront les mesures prévues pour l’exécution des dispositions de la présente section.

Article 36: Chacun des belligérants fixera périodiquement le nombre de lettres et de cartes postales que les P.G. des diverses catégories seront autorisés à expédier par mois et notifiera ce nombre à l’autre belligérant. Ces lettres et cartes seront transmises par la poste suivant la voie la plus courte. Elles ne pourront être retardées ni retenues pour motif de discipline.

Dans le délai maximum d’une semaine après son arrivée au camp et même en cas de maladie, chaque prisonnier sera mis en demeure d’adresser à sa famille une carte postale l’informant de sa capture ou de son état de santé. Lesdites cartes postales seront transmises avec tout la rapidité possible et ne pourront être retardées d’aucune manière.

En règle générale, la correspondance des prisonniers sera rédigée dans la langue maternelle de ceux-ci. Les belligérants pourront autoriser la correspondance dans d’autres langues.

En raison du très grand nombre de prisonniers après juin 1940, la censure allemande est submergée. Le courrier est alors restreint à des formulaires pliables ou à des cartes postales, remis directement aux prisonniers dans les camps.

L’envoi de carte-postales photographiques


Les prisonniers avaient la possibilité d’envoyer, à la place des formulaires standards, des cartes postales photographiques comportant leur propre portrait.
Les prisonniers étaient autorisés à utiliser leurs propres photographies comme cartes postales, à condition d’écrire leur correspondance uniquement dans l’espace prévu à cet effet. Ces photos étaient considérées comme leur carte hebdomadaire. Il était interdit de les envoyer sous enveloppe : toute enveloppe, quel que soit son contenu, était comptabilisée comme une lettre et ne pouvait être envoyée que les 2 et 16 de chaque mois. Seuls les clichés au format carte postale étaient acceptés.
Les prisonniers recevaient des consignes très précises sur les types de photos qu’ils étaient autorisés à envoyer. On leur rappelait notamment qu’ils devaient adopter une attitude correcte devant l’objectif. Il leur était strictement interdit de se faire photographier aux côtés de civils ou de soldats allemands.
Le décor de la photo, lui aussi, faisait l’objet de restrictions : il ne devait en aucun cas permettre de deviner l’endroit où ils se trouvaient, ni révéler la nature de leurs activités dans le camp.
Certaines images étaient catégoriquement proscrites : celles prises à l’intérieur des usines, celles montrant des fenêtres grillagées, des clôtures en treillis ou des barbelés, ainsi que toute photo sur laquelle apparaissait le nom du photographe ou de son studio.
Ces règles strictes visaient à empêcher toute tentative d’information dissimulée dans l’image, et à maintenir une image maîtrisée des conditions de détention.

Ces photographies cartes postale comportent, comme les lettres, le ou les cachets de censure

L’envoi de photographies dans une lettre

Les prisonniers avaient la possibilité de joindre à une lettre l’une de leurs photographies, à condition de ne pas y ajouter de correspondance. En pratique, ces clichés sont rarement retrouvés dans leur contexte d’origine. Le plus souvent, ce sont des photographies détachées, privées de tout support papier, qui parviennent jusqu’à nous. Pourtant, leur provenance ne fait guère de doute. Les petites perforations laissées par les points de couture, souvent visibles sur les bords, ainsi que le cachet de censure — systématiquement apposé — suffisent à attester qu’il s’agit bien de documents passés par les mains de l’administration du camp.
Dans certains cas, les prisonniers utilisaient un autre procédé : ils fixaient leur portrait à l’aide de bandes de papier adhésif.

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